Les pays du G5 Sahel veulent amplifier les progrès enregistrés contre les djihadistes

Des membres de la garde d'honneur du Burkina Faso devant l'entrée du centre de conférence lors de la cérémonie d'ouverture du sommet sur la sécurité du G5 de la CEDEAO à Ouagadougou, le 14 septembre 2019.

Crédit photo, Getty Images

Légende image, Des membres de la garde d'honneur du Burkina Faso devant l'entrée du centre de conférence lors de la cérémonie d'ouverture du sommet sur la sécurité du G5 de la CEDEAO à Ouagadougou, le 14 septembre 2019.

Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, dont le pays assume la présidence du G5 Sahel, recevait ses homologues burkinabè, malien, nigérien, tchadien et français pour faire le point six mois après le sommet de Pau ().

La réunion avec les chefs d'Etat sahéliens a ainsi été élargie aux organisations internationales, au président du Conseil européen et aux chefs de gouvernement allemand, espagnol et italien, par visioconférence pour la plupart.

Le président Emmanuel Macron a assuré que les forces françaises et sahéliennes avaient réussi à "inverser" le rapport de force dans la zone dite des trois frontières (Mali, Burkina Faso, Niger) où ils ont concentré leurs opérations contre les groupes affiliés à l'Etat islamique ces derniers mois.

A lire aussi sur BBC Afrique:

"La victoire est possible" au Sahel, a-t-il dit, il faut pour cela "amplifier" la dynamique récente, en particulier veiller au retour de préfets, de juges, de policiers dans des zones échappant désormais à tout contrôle étatique.

A l'issue de ce sommet, le tableau demeure sombre dans la région entraînée par une spirale amorcée en 2012 dans le nord du Mali. Les violences djihadistes et intercommunautaires qui ont fait des milliers de morts et causé une grave crise humanitaire persistent. Les Etats n'exercent plus leur autorité sur de vastes territoires. Les trafics prolifèrent et la crise menace de s'étendre au-delà du Sahel, à la Côte d'Ivoire par exemple.

Certes des "progrès significatifs" ont été accomplis, a dit l'hôte mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. Mais ils sont "insuffisants eu égard à l'ampleur des défis à relever. L'extrémisme violent sous toutes ses formes continue à sévir dans plusieurs zones de l'espace du G5 Sahel et s'étend de manière inquiétante" à d'autres régions, a-t-il mis en garde.

Cette photo prise le 14 septembre 2019 montre une vue générale de la salle de conférence lors de la cérémonie d'ouverture du sommet sur la sécurité du G5 de la CEDEAO à Ouagadougou.

Crédit photo, Getty Images

Légende image, Cette photo prise le 14 septembre 2019 montre une vue générale de la salle de conférence lors de la cérémonie d'ouverture du sommet sur la sécurité du G5 de la CEDEAO à Ouagadougou.

Sanctions exemplaires

A Pau, les présidents s'étaient entendus pour resserrer les rangs. Depuis, la a augmenté les effectifs de Barkhane de 500 militaires pour les porter à 5.100. Elle et ses partenaires ont multiplié les offensives dans la zone des trois frontières, revendiquant la "neutralisation" de centaines de djihadistes.

Autre succès: la mort dans le nord du Mali du chef d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), l'Algérien Abdelmalek Droukdal, tué par les forces spéciales françaises avec le soutien américain.

Mais par ailleurs les groupes djihadistes étendent leur emprise au Burkina, qui s'enfonce dangereusement. Au Burkina, au Mali, au Niger, les armées nationales sont accusées de multiples exactions contre les civils. Le communiqué final du sommet prend l'engagement d'enquêtes et de "sanctions exemplaires" si ces agissements sont avérés.

Chacun et que les gains réalisés peuvent être annihilés en l'absence d'avancées jugées indispensables sur des fronts autres que militaire, comme la reconstruction politique et civile.

A écouter sur BBC Afrique:

Légende audio, invité

Au Burkina, des zones entières menacent d'être privées à la fin de l'année du scrutin présidentiel, qui risque donc d'être contesté. On élira aussi un nouveau président au Niger en 2020. Quant au Mali, son président est confronté à une contestation intérieure dont l'issue inquiète ses voisins ouest-africains et ses alliés. Emmanuel Macron a affirmé "l'urgence" de mesures d'apaisement pour y dissiper les tensions.

Le président mauritanien a aussi souligné "l'évolution préoccupante" de la crise libyenne, une des causes majeures de la dégradation sahélienne selon lui.

Il a également évoqué l'impact du Covid-19, qui "a déstructuré nos économies fragiles déjà accablées par le fardeau de la dette" et réitéré la "forte demande d'annulation immédiate de la dette de nos Etats".

Les présidents sont convenus d'un nouveau rendez-vous début 2021.